Existe-t-il une unité ou un même corps de doctrine dans les grammaires générales (ou universelles) classiques, en France, en Angleterre et en Écosse, aux XVIIe et XVIIIe siècles ? S’agit-il d’une seule et même tradition de recherche ? La première partie de cet ouvrage prétend donner une réponse affirmative à ces questions, en s’inspirant de la méthode proposée par Imre Lakatos pour l’historiographie des sciences. Cette première partie se divise en deux chapitres : le premier reconstruit le noyau dur, et le second, la ceinture de protection du programme de recherche de la Grammaire Générale. Le noyau dur de ce Programme de recherche lui confère son identité, et la ceinture de protection le protège contre les anomalies, objections ou contre-exemples qui pourraient l’ébranler. La seconde partie examine les théories des principaux grammairiens philosophes concernant les modes verbaux et les énoncés non déclaratifs. Nous distinguons deux approches à ce sujet dans les grammaires générales : l’une représentée par Port-Royal, Du Marsais, J. Harris, J. Burnet (Lord Monboddo), et J. Gregory, fait des modes verbaux des marqueurs d’actes de pensée ; l’autre approche est réductionniste : elle réduit les énoncés non déclaratifs à des énoncés déclaratifs exprimant des jugements. Elle est représentée principalement par C. Buffier, Condillac, N. Beauzée, J. Beattie et Destutt de Tracy. La troisième partie est une évaluation critique de ces approches et de la place qu’elles occupent dans l’histoire des théories de l’énonciation. Les modes verbaux constituent le principal marqueur de force illocutoire, mais un marqueur d’une espèce assez simple et les grammairiens philosophes les traitent dans la même catégorie que les modes d’énoncés.